Les agissements de harcÚlement moral reprochés à un salarié protégé, dont le licenciement est nul, rendent sa réintégration impossible.
Le salariĂ© protĂ©gĂ©, dont le licenciement est nul en raison de lâannulation de la dĂ©cision dâautorisation du licenciement rendue par lâinspecteur du travail, a le droit, s’il le demande dans un dĂ©lai de deux mois Ă compter de la notification de la dĂ©cision, d’ĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ© dans son emploi ou dans un emploi Ă©quivalent (C. trav., art. L. 2422-1).
Lâobligation de rĂ©intĂ©gration pesant sur lâemployeur ne trouve sa limite que dans lâimpossibilitĂ© matĂ©rielle ou absolue de rĂ©intĂ©gration, strictement apprĂ©ciĂ©e par les juges.
RĂ©cemment, la caractĂ©risation de lâimpossibilitĂ© de rĂ©intĂ©gration a Ă©tĂ© assouplie. Les juges ont reconnu quâune telle impossibilitĂ© est dĂ©montrĂ©e dĂšs lors que la rĂ©intĂ©gration du salariĂ© protĂ©gĂ© aurait obligĂ© lâemployeur Ă ne pas respecter lâobligation de sĂ©curitĂ© qui lui incombe (Cass. soc.,1er dĂ©cembre 2021, n°19-257.15).
Or, lâobligation de prĂ©vention du harcĂšlement moral participe de cette obligation de sĂ©curitĂ© de lâemployeur.
Or, en lâespĂšce, une salariĂ©e protĂ©gĂ©e a Ă©tĂ© licenciĂ©e pour faute grave aprĂšs autorisation de lâinspecteur du travail. Cette autorisation a Ă©tĂ© annulĂ©e sur recours hiĂ©rarchique par le ministre du travail pour dĂ©faut de motivation, annulation validĂ©e ensuite par le Conseil dâEtat.
ParallĂšlement, la salariĂ©e, qui ne bĂ©nĂ©ficiait plus dâune protection spĂ©ciale, a Ă©tĂ© licenciĂ©e pour faute grave, ce quâelle a contestĂ© devant les juges judiciaires.
Ces derniers ont ainsi constatĂ© que la salariĂ©e protĂ©gĂ©e Ă©tait la supĂ©rieure hiĂ©rarchique des autres salariĂ©s de lâentreprise, lesquels soutenaient avoir Ă©tĂ© victimes du harcĂšlement moral de cette derniĂšre et avaient exercĂ© leur droit de retrait.
LâimpossibilitĂ© de rĂ©intĂ©gration est donc caractĂ©risĂ©e au titre de lâobligation de sĂ©curitĂ©.
La Cour de cassation vise de maniĂšre gĂ©nĂ©rale lâobligation de sĂ©curitĂ©. Cela laisse prĂ©sager quâil serait possible de justifier une impossibilitĂ© de rĂ©intĂ©gration du salariĂ© protĂ©gĂ© par toute situation mettant en cause lâobligation de sĂ©curitĂ© de lâemployeur, mĂȘme autre que des faits de harcĂšlement moral.