Une preuve illicite nâest pas recevable en justice dĂšs lors que lâemployeur dispose dâun autre moyen de preuve
Dans un arrĂȘt du 8 mars 2023, la Chambre sociale de la Cour de cassation est venue complĂ©ter sa jurisprudence en matiĂšre de recevabilitĂ© de la preuve (Cass. Soc., 8 mars 2023, n°21-17.802).
Rappelons que la Haute juridiction considĂšre, depuis un arrĂȘt « AFP » du 25 novembre 2020, que lâillicĂ©itĂ© d’un moyen de preuve n’entraĂźne pas nĂ©cessairement son rejet des dĂ©bats (Cass. Soc., 25 novembre 2020, n°17-19.523).
Dans lâaffaire commentĂ©e, une salariĂ©e a Ă©tĂ© licenciĂ©e pour faute grave pour vols et abus de confiance. A la suite dâun audit mis en place au sein de lâentreprise, lâemployeur avait des soupçons, qui ont ensuite Ă©tĂ© confirmĂ©s par des images de vidĂ©osurveillance. La salariĂ©e a contestĂ© son licenciement. Dans le cadre du contentieux, lâemployeur produisait les images de vidĂ©osurveillance, mais pas le rapport dâaudit, estimant manifestement que les premiĂšres constituaient la preuve irrĂ©futable et suffisante des vols commis.
La Cour dâappel a tout dâabord considĂ©rĂ© que les images issues de la vidĂ©osurveillance Ă©taient illicites car lâemployeur nâavait pas informĂ© la salariĂ©e du dispositif ni sollicitĂ© dâautorisation prĂ©fectorale.
Elle a ensuite jugĂ© que la production de la vidĂ©osurveillance nâĂ©tait pas indispensable Ă lâexercice du droit Ă la preuve dans la mesure oĂč il existait dâautres Ă©lĂ©ments susceptibles de rĂ©vĂ©ler les irrĂ©gularitĂ©s reprochĂ©es Ă la salariĂ©e.
La Cour de cassation a validĂ© cette interprĂ©tation, considĂ©rant que la production des enregistrements litigieux n’Ă©tait pas indispensable Ă l’exercice du droit Ă la preuve de l’employeur, dĂšs lors que celui-ci disposait d’un autre moyen de preuve qu’il n’avait pas versĂ© aux dĂ©bats.
En conclusion, il demeure pĂ©rilleux dâĂ©tayer un licenciement au moyen de « preuves illicites ». Cela doit rester un ultime recours.
Voir aussi : La vie privĂ©e Ă l’Ă©preuve du droit Ă la preuve