Inaptitude du salariĂ© : l’employeur n’a pas besoin d’attendre les prĂ©cisions du mĂ©decin du travail pour commencer les recherches de reclassement

Par |2024-05-30T18:06:36+02:00mai 30th, 2024|actualités, actualités générales|

En cas d’inaptitude du salariĂ© Ă  son poste de travail, l’employeur doit rechercher Ă  le reclasser sur un autre emploi, en prenant en compte l’avis et les prĂ©conisations Ă©mises par le mĂ©decin du travail (C. trav., art. L. 1226-2 et L. 1226-10).

Afin de l’orienter dans ses recherches de reclassement, l’employeur peut solliciter des prĂ©cisions du mĂ©decin du travail sur l’avis rendu.

La Cour de cassation est venue prĂ©ciser, dans un arrĂȘt rendu le 27 mars 2024, que l’employeur n’a pas l’obligation d’attendre le retour du mĂ©decin du travail pour engager ses recherches de reclassement.

Ainsi, l’employeur peut, comme c’était le cas en l’espĂšce, demander des prĂ©cisions supplĂ©mentaires au mĂ©decin du travail, tout en entamant ses recherches de reclassement le jour mĂȘme.

Le fait que le médecin du travail ait apporté postérieurement des précisions sur son avis ne remet pas nécessairement en cause le licenciement pour inaptitude et impossibilité de reclassement du salarié.

(Cass. soc., 27 mars 2024, n° 22-16.096)

L’accĂšs aux ASC du CSE ne peut ĂȘtre conditionnĂ© Ă  l’anciennetĂ© du salariĂ©

Par |2024-05-30T18:01:34+02:00mai 30th, 2024|actualités, actualités générales|

En l’absence de position de la Cour de cassation sur ce point, certains CSE ont instaurĂ© une condition d’anciennetĂ© pour l’accĂšs des salariĂ©s aux activitĂ©s sociales et culturelles (ASC), l’Urssaf admettant par ailleurs une condition d’anciennetĂ© limitĂ©e Ă  6 mois.

Dans l’affaire ayant donnĂ© lieu Ă  la dĂ©cision de la Cour de cassation du 3 avril 2024, un CSE avait instaurĂ© un dĂ©lai de carence de 6 mois avant de permettre aux salariĂ©s nouvellement embauchĂ©s de bĂ©nĂ©ficier des ASC.

A la suite de cette dĂ©cision, le syndicat de l’entreprise a saisi le Tribunal judiciaire estimant que, si le CSE peut instaurer des critĂšres de modulation pour l’attribution des ASC, il ne peut pas exclure totalement un salariĂ© du bĂ©nĂ©ficie de ces activitĂ©s. Or, en conditionnant l’attribution des ASC Ă  une anciennetĂ© minimale de 6 mois, le CSE excluait nĂ©cessairement tous les nouveaux embauchĂ©s, et les stagiaires.

La Cour d’appel avait dĂ©boutĂ© le syndicat de sa demande pour les motifs suivants :

  • La condition d’anciennetĂ© de 6 mois Ă©tait appliquĂ©e « de la mĂȘme maniĂšre Ă  l’ensemble des salariĂ©s, lesquels sont tous placĂ©s dans la mĂȘme situation Ă  l’Ă©gard d’un critĂšre objectif qui ne prend pas en compte les qualitĂ©s propres du salarié » ;
  • Les « critĂšres considĂ©rĂ©s comme discriminants pour exclure certains salariĂ©s de l’attribution des ASC sont la prise en compte de l’appartenance syndicale et la catĂ©gorie professionnelle » ;
  • Le comitĂ© « est lĂ©gitime, dans l’intĂ©rĂȘt mĂȘme des salariĂ©s, Ă  chercher Ă  Ă©viter un effet d’aubaine rĂ©sultant de la possibilitĂ© de bĂ©nĂ©ficier, quelle que soit l’anciennetĂ©, des ASC du comitĂ© rĂ©putĂ©es gĂ©nĂ©reuses ».

La Cour de cassation ne suit pas ce raisonnement, et censure la position de la Cour d’appel.

Au visa de l’article L. 2312-78 du Code du travail qui prĂ©voit que les ASC sont « Ă©tablies dans l’entreprise prioritairement au bĂ©nĂ©fice des salariĂ©s, de leur famille et des stagiaires » et de l’article R. 2312-35 qui liste les ASC pouvant ĂȘtre Ă©tablies dans l’entreprise, la Cour de cassation juge que l’ouverture du droit aux ASC « ne saurait ĂȘtre subordonnĂ©e Ă  une condition d’ancienneté ».

Ainsi, le CSE ne peut plus instaurer de condition d’anciennetĂ© pour l’accĂšs des salariĂ©s aux ASC. En effet, tous les salariĂ©s, et stagiaires, de l’entreprise doivent avoir accĂšs aux ASC, quelque soit leur anciennetĂ©.

(Cass. soc., 3 avril 2024, n° 22-16.812)

Rappels sur le licenciement pour inaptitude d’origine professionnelle

Par |2024-05-30T10:31:46+02:00mai 30th, 2024|actualités, actualités générales|

A travers un arrĂȘt rĂ©cent, la Cour de cassation fait quelques rappels sur le licenciement pour inaptitude d’origine professionnelle (Cass. soc., 07 mai 2024, n°22-10.905) :

1/ Tout d’abord, la Cour rappelle que les rĂšgles protectrices applicables aux victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle s’appliquent dĂšs lors que (i) l’inaptitude du salariĂ© a, au moins partiellement, pour origine cet accident ou cette maladie et (ii) que l’employeur avait connaissance de cette origine au moment du licenciement.

Tel Ă©tait le cas en l’espĂšce dĂšs lors que l’employeur savait que l’accident du travail Ă©tait Ă  l’origine du premier arrĂȘt de travail du salariĂ© et que ce dernier n’avait jamais repris le travail depuis la date de l’accident jusqu’Ă  la rupture du contrat.

2/ Ensuite, forte de cette conclusion, la Cour retient que l’inaptitude du salariĂ© Ă©tait d’origine professionnelle et que ce dernier pouvait, Ă  ce titre, bĂ©nĂ©ficier d’une indemnitĂ© d’un montant Ă©gal Ă  l’indemnitĂ© compensatrice de prĂ©avis.

Toutefois, elle rappelle que cette indemnitĂ© n’a pas la nature d’une indemnitĂ© de prĂ©avis et n’ouvre donc pas droit Ă  congĂ©s payĂ©s.

3/ Enfin, la Cour Ă©voque les consĂ©quences de l’absence d’information du salariĂ©, par l’employeur, des motifs rendant impossible son reclassement (obligation dĂ©coulant de l’article L. 1226-12 du Code du travail, lorsque l’employeur n’est pas dispensĂ© de l’obligation de rechercher un reclassement).

Elle vient ainsi prĂ©ciser que la mĂ©connaissance par l’employeur de cette obligation n’expose pas celui-ci aux sanctions prĂ©vues par l’article L. 1226-15 du Code du travail (qui renvoie lui-mĂȘme Ă  l’article L. 1235-3-1 du Code du travail : « indemnitĂ©, Ă  la charge de l’employeur, qui ne peut ĂȘtre infĂ©rieure aux salaires des six derniers mois »), mais le rend redevable d’une indemnitĂ© en rĂ©paration du prĂ©judice subi.

Autrement dit, le salariĂ© doit dĂ©montrer l’existence d’un prĂ©judice et en justifier l’étendue pour bĂ©nĂ©ficier de dommages et intĂ©rĂȘts au titre de la violation par l’employeur de son obligation de l’informer des motifs rendant impossible son reclassement. Le prĂ©judice liĂ© Ă  l’absence d’information Ă©crite n’est plus automatique, complexifiant ainsi la tĂąche du salariĂ©.

Voir aussi : Contestation de l’avis d’inaptitude : point de dĂ©part du dĂ©lai de recours et limitation des Ă©lĂ©ments mĂ©dicaux transmis au mĂ©decin mandatĂ© par l’employeur

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