Dissimulation des relations amoureuses au travail : gare au licenciement disciplinaire !

Par |2024-06-18T10:09:41+02:00juin 18th, 2024|actualités, actualités générales|

Dans un arrĂȘt du 29 mai 2024, la Chambre sociale de la Cour de cassation a validĂ© le licenciement pour faute grave d’un salariĂ© ayant dissimulĂ© sa relation amoureuse avec une autre salariĂ©e (Cass. Soc., 29 mai 2024, n°22-16.218).

Rappelons tout d’abord le principe selon lequel les salariĂ©s jouissent du droit au respect de leur vie privĂ©e, consacrĂ© tant par le droit national (article 9 du Code civil) que par le droit europĂ©en (article 8 de la Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de l’Homme).

A ce titre, il est de jurisprudence constante qu’un motif tirĂ© de la vie personnelle du salariĂ© ne peut, en principe, justifier un licenciement disciplinaire (Cass. Soc., 16 dĂ©c. 1997, n°95-41.326), sauf s’il constitue un manquement de l’intĂ©ressĂ© Ă  une obligation dĂ©coulant de son contrat de travail (Cass. Soc., 3 mai 2011, n°09-67.464 ; Cass. Soc., 8 nov. 2011, n°10-23.593).

En l’espĂšce, un salariĂ©, exerçant des fonctions de direction dans l’entreprise et chargĂ© de la gestion des ressources humaines, avait dissimulĂ© Ă  son employeur la relation amoureuse qu’il entretenait avec une salariĂ©e titulaire de mandats syndicaux et reprĂ©sentatifs.

La Haute juridiction a approuvĂ© la position de la Cour d’appel de NĂźmes ayant considĂ©rĂ© que le salariĂ© avait commis un manquement Ă  son obligation de loyautĂ© rendant impossible son maintien dans l’entreprise aux motifs que le salariĂ©, qui avait notamment reçu une dĂ©lĂ©gation pour prĂ©sider les institutions reprĂ©sentatives du personnel, avait partagĂ© des rĂ©unions avec sa compagne au cours desquelles avaient Ă©tĂ© abordĂ©s des sujets sensibles relatifs Ă  des plans sociaux. Il a Ă©tĂ© jugĂ© que cette relation intime Ă©tait de nature Ă  affecter le bon exercice de ses fonctions professionnelles.

Par cet arrĂȘt, la Cour de cassation fait prĂ©valoir l’obligation de loyautĂ© sur le droit Ă  la vie privĂ©e du salariĂ©.

Contestation d’un avis d’inaptitude : un assouplissement de la jurisprudence en vertu du droit Ă  ĂȘtre jugĂ© dans un dĂ©lai raisonnable

Par |2024-06-18T10:11:02+02:00juin 18th, 2024|actualités, actualités générales|

Dans un arrĂȘt du 22 mai 2024, la Cour de cassation a jugĂ© qu’en cas de contestation d’un avis d’inaptitude, le juge prud’homal, qui fait face Ă  une indisponibilitĂ© des mĂ©decins inspecteurs du travail pour rĂ©aliser une mesure d’instruction, peut dĂ©signer un autre mĂ©decin pour permettre son exĂ©cution (Cass. Soc., 22 mai 2024, n°22-22.321).

Pour mĂ©moire, la procĂ©dure de contestation d’un avis d’inaptitude poursuit un objectif de cĂ©lĂ©ritĂ©. Le salariĂ© ou l’employeur peut contester l’avis Ă©mis par le mĂ©decin du travail dans un dĂ©lai restreint de 15 jours Ă  compter de sa notification devant le Conseil de prud’hommes statuant selon la procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e au fond (articles R. 4624-45 et L. 4624-7 du Code du travail).

L’article L. 4624-7 du Code du travail dispose que la juridiction prud’homale peut confier toute mesure d’instruction au mĂ©decin inspecteur du travail territorialement compĂ©tent pour l’Ă©clairer sur les questions de fait relevant de sa compĂ©tence. L’article R. 4624-45-2 du mĂȘme code ajoute qu’en cas d’indisponibilitĂ© ou de rĂ©cusation du mĂ©decin prĂ©citĂ©, le Conseil de prud’hommes peut dĂ©signer un autre mĂ©decin inspecteur du travail que celui qui est territorialement compĂ©tent.

Toutefois, en pratique, les juges sont confrontés à une pénurie de médecins inspecteurs du travail.

En l’espĂšce, un salariĂ© a contestĂ© son avis d’inaptitude avec impossibilitĂ© de reclassement devant le Conseil de prud’hommes. Ce dernier a d’abord confiĂ© une mesure d’instruction au mĂ©decin inspecteur du travail territorialement compĂ©tent. Or, ledit mĂ©decin n’exerçait plus. Le Conseil a ensuite recherchĂ© un autre mĂ©decin inspecteur du travail mais s’est heurtĂ© au refus de tous les mĂ©decins inspecteurs du travail recherchĂ©s.

Par consĂ©quent, le Conseil a confiĂ© la mesure d’instruction Ă  un mĂ©decin inscrit sur la liste des experts prĂšs la Cour d’appel.

L’employeur s’est pourvu en cassation afin d’obtenir la nullitĂ© de l’expertise au motif que seul le mĂ©decin inspecteur du travail est compĂ©tent pour Ă©clairer le Conseil, Ă  l’exclusion de tout autre type de mĂ©decin.

La Cour a rejetĂ© le pourvoi au visa de l’article 6 paragraphe 1 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales qui consacre le droit Ă  ĂȘtre jugĂ© dans un dĂ©lai raisonnable.

Cette décision devrait donc mettre fin aux situations de blocage rencontrées dans ce type de dossiers.

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