Dissimulation des relations amoureuses au travail : gare au licenciement disciplinaire !
Dans un arrĂȘt du 29 mai 2024, la Chambre sociale de la Cour de cassation a validĂ© le licenciement pour faute grave dâun salariĂ© ayant dissimulĂ© sa relation amoureuse avec une autre salariĂ©e (Cass. Soc., 29 mai 2024, n°22-16.218).
Rappelons tout dâabord le principe selon lequel les salariĂ©s jouissent du droit au respect de leur vie privĂ©e, consacrĂ© tant par le droit national (article 9 du Code civil) que par le droit europĂ©en (article 8 de la Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de l’Homme).
A ce titre, il est de jurisprudence constante quâun motif tirĂ© de la vie personnelle du salariĂ© ne peut, en principe, justifier un licenciement disciplinaire (Cass. Soc., 16 dĂ©c. 1997, n°95-41.326), sauf sâil constitue un manquement de l’intĂ©ressĂ© Ă une obligation dĂ©coulant de son contrat de travail (Cass. Soc., 3 mai 2011, n°09-67.464 ; Cass. Soc., 8 nov. 2011, n°10-23.593).
En lâespĂšce, un salariĂ©, exerçant des fonctions de direction dans lâentreprise et chargĂ© de la gestion des ressources humaines, avait dissimulĂ© Ă son employeur la relation amoureuse quâil entretenait avec une salariĂ©e titulaire de mandats syndicaux et reprĂ©sentatifs.
La Haute juridiction a approuvĂ© la position de la Cour dâappel de NĂźmes ayant considĂ©rĂ© que le salariĂ© avait commis un manquement Ă son obligation de loyautĂ© rendant impossible son maintien dans lâentreprise aux motifs que le salariĂ©, qui avait notamment reçu une dĂ©lĂ©gation pour prĂ©sider les institutions reprĂ©sentatives du personnel, avait partagĂ© des rĂ©unions avec sa compagne au cours desquelles avaient Ă©tĂ© abordĂ©s des sujets sensibles relatifs Ă des plans sociaux. Il a Ă©tĂ© jugĂ© que cette relation intime Ă©tait de nature Ă affecter le bon exercice de ses fonctions professionnelles.
Par cet arrĂȘt, la Cour de cassation fait prĂ©valoir lâobligation de loyautĂ© sur le droit Ă la vie privĂ©e du salariĂ©.