Sanction disciplinaire et respect des formalités de dépÎt et de publicité du rÚglement intérieur

Par |2024-11-22T09:59:25+01:00novembre 22nd, 2024|actualités, actualités générales|

* Par principe, l’employeur est libre de choisir la sanction qui lui parait la plus adaptĂ©e au comportement du salariĂ©.

Toutefois, dans les entreprises d’au moins 50 salariĂ©s, au sein desquelles l’employeur est tenu d’Ă©laborer un rĂšglement intĂ©rieur, la Cour de cassation juge, de maniĂšre constante, que l’employeur ne peut pas prononcer de sanction qui ne serait pas prĂ©vue par le rĂšglement intĂ©rieur (Cass. soc. 26 octobre 2010, n° 09-42.740), Ă  l’exception du licenciement (Cass. soc. 23 mars 2017, n° 15-23.090).

* L’article L. 1321-4 du Code du travail prĂ©cise que le rĂšglement intĂ©rieur ne peut ĂȘtre introduit dans l’entreprise qu’aprĂšs l’accomplissement, par l’employeur, des formalitĂ©s suivantes :

  • La consultation du CSE ;
  • La transmission du rĂšglement intĂ©rieur Ă  l’Inspection du travail ;
  • Le dĂ©pĂŽt d’un exemplaire au Greffe du Conseil de prud’hommes du ressort de l’entreprise.

Les juges estiment que si de telles formalitĂ©s n’ont pas Ă©tĂ© accomplies (ou si l’employeur ne justifie pas les avoir prĂ©alablement effectuĂ©es), le rĂšglement intĂ©rieur ne peut produire ses effets Ă  l’égard des salariĂ©s (Cass. soc. 9 mai 2012, n° 11-13.687).

Les salariĂ©s peuvent alors demander, dans le cadre d’un litige individuel, l’annulation d’une sanction disciplinaire prĂ©vue par le rĂšglement intĂ©rieur, en raison de son inopposabilitĂ© Ă  leur Ă©gard.

La Cour de cassation estime Ă©galement, qu’en l’absence de ces formalitĂ©s prĂ©alables, un syndicat peut saisir le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s pour demander la suspension du rĂšglement intĂ©rieur (Cass. soc. 23 octobre 2024, n°22-19.726).

* Le 9 octobre 2024, la Cour de cassation a rappelĂ© ces rĂšgles, dans une affaire oĂč l’employeur avait prononcĂ© une mutation disciplinaire sur un autre site Ă  l’encontre d’une salariĂ©e. Cette derniĂšre avait refusĂ© cette mutation, estimant que les manquements invoquĂ©s par son employeur n’étaient pas justifiĂ©s.

Compte tenu du refus de la salariĂ©e d’exĂ©cuter cette sanction disciplinaire, l’employeur lui notifiait son licenciement pour faute grave.

La salariĂ©e a ensuite contestĂ© son licenciement, estimant que celui-ci Ă©tait dĂ©pourvu de cause rĂ©elle et sĂ©rieuse dans la mesure oĂč la mutation disciplinaire l’ayant motivĂ© lui Ă©tait inopposable Ă  dĂ©faut, pour l’employeur, d’avoir accompli les formalitĂ©s de publicitĂ© du rĂšglement intĂ©rieur.

Les juges, qui ont constatĂ© que l’employeur ne justifiait pas des formalitĂ©s prĂ©alables, ont jugĂ© que la mutation disciplinaire devait ĂȘtre annulĂ©e, peu important que la sanction ait Ă©tĂ© prĂ©vue par la CCN. Par voie de consĂ©quence, ils ont Ă©galement jugĂ© que licenciement Ă©tait dĂ©pourvu de cause rĂ©elle et sĂ©rieuse.

(Cass. soc. 9 octobre 2024 n° 22-20.054).