La mise à pied disciplinaire du salarié protégé ne nécessite pas son accord préalable
Un salariĂ© protĂ©gĂ©, Ă lâinstar des autres salariĂ©s, peut ĂȘtre sanctionnĂ© s’il enfreint les rĂšgles de discipline ou ses obligations professionnelles.
Si l’employeur est libre du choix de la sanction quâil considĂšre la plus adaptĂ©e au comportement du salariĂ© protĂ©gĂ©, il lui est nĂ©anmoins interdit dâimposer Ă un salariĂ© protĂ©gĂ© toute modification de son contrat de travail ou de ses conditions de travail.
Ainsi, lorsque la sanction envisagĂ©e entraĂźne, ou est susceptible d’entraĂźner, une modification du contrat ou des conditions de travail, lâemployeur doit informer le salariĂ© protĂ©gĂ© quâil peut accepter ou refuser la sanction envisagĂ©e.
Dans lâaffaire ayant donnĂ© lieu Ă lâarrĂȘt de la Cour de cassation du 11 dĂ©cembre 2024, un salariĂ© protĂ©gĂ© contestait la mise Ă pied disciplinaire de 5 jours que son employeur lui avait notifiĂ©e, et en demandait lâannulation. Il estimait que son employeur, Ă dĂ©faut de lui avoir demandĂ© son accord prĂ©alable, ne pouvait pas, unilatĂ©ralement, dĂ©cider de lui notifier cette sanction.
La Cour dâappel avait fait droit Ă la demande du salariĂ©, et annulĂ© la mise Ă pied disciplinaire, estimant que celle-ci emporte une modification de sa rĂ©munĂ©ration et de sa durĂ©e du travail pendant la durĂ©e de son application. Elle en avait dĂ©duit que lâemployeur ne pouvait imposer au salariĂ© cette sanction.
NĂ©anmoins, dans lâaffaire commentĂ©e, la Cour de cassation nâadopte pas ce raisonnement.
Elle juge, au visa de lâarticle L. 2411-1, 2° du Code du travail, que la mise Ă pied disciplinaire du salariĂ© protĂ©gĂ©Â :
- Dâune part, nâa pas pour effet de suspendre lâexĂ©cution du mandat de reprĂ©sentant du personnel ;
- Dâautre part, nâemporte pas modification de son contrat de travail ni changement de ses conditions de travail.
La Cour de cassation en dĂ©duit donc, et câest une premiĂšre, que la mise Ă pied disciplinaire nâest pas subordonnĂ©e Ă lâaccord du salariĂ© protĂ©gĂ©.
Nous rappelons toutefois quâune rĂ©trogradation, ou une mutation disciplinaire, elles, nĂ©cessitent bien lâaccord prĂ©alable du salariĂ© (protĂ©gĂ© ou non), dĂšs lors quâelles constituent une modification du contrat de travail. En cas de refus du salariĂ©, lâemployeur peut faire le choix dâune sanction moindre, ou, et sous rĂ©serve de pouvoir en justifier, dâune mesure de licenciement, soumise Ă autorisation de lâInspection du travail.