Délai de carence en cas de succession de contrats à durée déterminée : Rappel
- Lâarticle L. 1244-3 du Code du travail dispose que lâemployeur doit respecter un dĂ©lai de carence lorsquâil conclut plusieurs contrats Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e successifs sur un mĂȘme poste, sauf exception.
- Les exceptions sont rĂ©gies par lâarticle L. 1244-4-1 du Code du travail selon lequel il est possible de conclure des contrats Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e successifs sans dĂ©lai de carence lorsque le contrat est conclu pour :
- Le remplacement dâun salariĂ© absent ou dont le contrat est suspendu ;
- Un emploi saisonnier ;
- LâexĂ©cution de travaux urgents nĂ©cessitĂ©s par des mesures de sĂ©curitĂ©s
- Pour un emploi pour lequel il est dâusage de ne pas recourir au contrat Ă durĂ©e indĂ©terminĂ©e ;
- Les personnes mentionnĂ©es aux a 4° et 5° de lâarticle L. 1242-2 du Code du travail (chef dâentreprise artisanale, industrielle ou commerciale, chef d’une exploitation agricole, etc.) ;
- Une politique de lâemploi ou pour assurer un complĂ©ment de formation professionnelle ;
- Pallier Ă la rupture anticipĂ©e du contrat par le salariĂ© ou lorsque celui-ci a refusĂ© le renouvĂšlement de son contrat proposĂ© par lâemployeur.
Pour que le dĂ©lai de carence soit exclu, chacun des contrats doit avoir Ă©tĂ© conclu pour lâun des motifs prĂ©citĂ©s (Cass. Soc., 30 septembre 2014, n° 13-18.162).
- Un arrĂȘt rĂ©cent vient rĂ©pondre Ă la question de savoir si un dĂ©lai de carence doit ĂȘtre respectĂ© entre diffĂ©rents contrats Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e conclus avec un mĂȘme salariĂ© pour remplacer successivement plusieurs salariĂ©s absents. (Cass. Soc., 17 novembre 2021, n° 20-18.336).
Au cas dâespĂšce, un salariĂ© avait Ă©tĂ© engagĂ© comme assistant de vente au travers de 4 contrats Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e successifs du 5 juillet 2011 au 31 janvier 2012. Ces contrats ont Ă©tĂ© conclus pour un motif de remplacement de salariĂ© absent, mais dâun salariĂ© diffĂ©rent Ă chaque contrat.
Le salariĂ© avait estimĂ© que ses contrats devaient ĂȘtre requalifiĂ©s en contrat Ă durĂ©e indĂ©terminĂ©e et avait saisi le conseil de prud’hommes qui, par jugement du 22 novembre 2017, avait rejetĂ© toutes ses demandes.
En appel,  la Cour a prononcĂ© la requalification des contrats Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e en contrats Ă durĂ©e indĂ©terminĂ©e, considĂ©rant quâun dĂ©lai de carence aurait dĂ» sâappliquer entre ces contrats de remplacement de salariĂ©s distincts, et non pas pour le remplacement dâune nouvelle absence du salariĂ© remplacĂ©.
Saisie du pourvoi de lâemployeur, la Cour de cassation a censurĂ© cette dĂ©cision au visa de lâarticle L. 1244-4-1 du Code du travail, considĂ©rant quâil nây a pas lieu dâappliquer un dĂ©lai de carence lorsque plusieurs CDD successifs sont conclus avec le mĂȘme salariĂ© pour remplacer successivement plusieurs salariĂ©s.
Le non-respect des obligations liĂ©es Ă un systĂšme de surveillance des salariĂ©s nâentraine pas automatiquement lâirrecevabilitĂ© de la preuve devant les juges du fond
La mise en place dâun systĂšme de « vidĂ©oprotection » dont lâobjectif est uniquement dâassurer la sĂ©curitĂ© des locaux et ne permet pas de surveiller lâactivitĂ© des salariĂ©s nâa pas Ă faire lâobjet dâune information individuelle des salariĂ©s (L.1222-4 du Code du travail) ni dâune consultation du CSE (L. 2312-38 du Code du travail).
Ă lâinverse, dĂšs lors quâun systĂšme de « vidĂ©osurveillance » est mis en place, il doit faire lâobjet dâune information individuelle des salariĂ©s et dâune consultation du CSE prĂ©alablement Ă sa mise en place.
Lorsquâun systĂšme est hybride, les juges sâattachent Ă son utilisation effective pour dĂ©cider du  rĂ©gime applicable : Sâil permet de contrĂŽler lâactivitĂ© des salariĂ©s, il doit faire lâobjet des modalitĂ©s dâinformation et de consultations susvisĂ©es.
Ces principes sont rappelĂ©s par lâarrĂȘt de la Chambre sociale de la Cour de cassation du 10 novembre 2021 (n° 20-12.263).
Dans cet arrĂȘt, une salariĂ©e, employĂ©e dans une pharmacie, avait Ă©tĂ© licenciĂ©e pour faute grave en raison dâirrĂ©gularitĂ©s dans les opĂ©rations de caisse.
Pour prouver ces agissements, lâemployeur avait produit des enregistrements vidĂ©o dâun systĂšme de « vidĂ©oprotection » qui permettait Ă©galement de contrĂŽler lâactivitĂ© des salariĂ©s, selon la salariĂ©e.
La Cour dâappel de Saint-Denis de La RĂ©union, saisie de cette affaire, nâavait retenu que le but premier du systĂšme de surveillance et avait donc jugĂ© ce moyen de preuve comme licite dĂ©boutant la salariĂ©e de ses demandes.
La Cour de cassation a censurĂ© cette dĂ©cision en retenant lâutilisation effective du systĂšme de surveillance et son caractĂšre hybride (surveillance des locaux et surveillance des salariĂ©s). DĂšs lors, ce systĂšme aurait dĂ» faire lâobjet dâune information des salariĂ©s et dâune consultation prĂ©alable du CSE.
Mais lâintĂ©rĂȘt de cette dĂ©cision rĂ©side dans le fait que  la Cour de cassation  ne se prononce pas sur  la recevabilitĂ© de cette preuve quâelle considĂšre pourtant comme illicite. Elle fait ici application dâune Ă©volution rĂ©cente de sa jurisprudence en matiĂšre de droit de la preuve (Cass. Soc., 25 novembre 2020, n° 17-19.523).
En effet, pour la Cour de cassation lâillicĂ©itĂ© dâun moyen de preuve nâentraine pas nĂ©cessairement son rejet des dĂ©bats.
Les juges doivent apprĂ©cier si lâutilisation de cette preuve porte atteinte au caractĂšre Ă©quitable de la procĂ©dure dans son ensemble en mettant en balance le droit au respect de la vie privĂ©e du salariĂ© et le droit Ă la preuve.
La Chambre sociale laisse donc le soin Ă la Cour dâappel de renvoi de procĂ©der Ă ce contrĂŽle de proportionnalitĂ©.
Ă nâen pas douter, ce courant jurisprudentiel fera lâobjet Ă lâavenir dâautres applications que nous analyserons au fur et Ă mesure de leur parution. La Cour de cassation semble faire preuve ici de la mĂȘme volontĂ© dâouverture que lorsquâelle a abandonnĂ© sa position sur le prĂ©judice automatique du salariĂ© en 2016.
Travailleurs étrangers : rupture du contrat de travail en cas de non-renouvellement du titre de séjour
En application des dispositions dâordre public de lâarticle L. 8251-1 du Code du travail, un employeur ne peut conserver Ă son service, pour quelque durĂ©e que ce soit, un salariĂ© Ă©tranger non muni du titre lâautorisant Ă exercer une activitĂ© salariĂ©e en France.
A dĂ©faut, lâemployeur se trouve en infraction et encourt une sanction pĂ©nale (C. trav. art. L. 8256-2).
RĂ©cemment, la Cour de cassation est venue rappeler, quâen application de lâarticle L. 8251-1 du code du travail, « l’irrĂ©gularitĂ© de la situation du salariĂ© constituait une cause justifiant la rupture » du contrat de travail (Cass. soc., 17 nov. 2021, n°20-11.911).
Dans cette affaire, le salariĂ© nâavait pas Ă©tĂ© en mesure de fournir Ă son employeur les preuves de ses dĂ©marches pour renouveler sa carte de rĂ©sident, contraignant ce dernier Ă rompre son contrat de travail.
Pour mĂ©moire, cette situation dâirrĂ©gularitĂ© du salariĂ© constitue « nĂ©cessairement une cause objective justifiant la rupture du contrat de travail exclusive de lâapplication des dispositions relatives aux licenciements » (Cass. soc. 4 juillet 2012, n°11-18.840).
Partant de lĂ , mĂȘme si les rĂšgles relatives au licenciement pour motif personnel nâont pas lieu de sâappliquer, nous vous recommandons d’informer le salariĂ©, par Ă©crit, de la rupture de son contrat de travail fondĂ©e sur l’irrĂ©gularitĂ© de sa situation.
Indemnité inflation : conditions et modalités de son versement pour les salariés
Afin de prĂ©server le pouvoir dâachat des mĂ©nages du fait de la hausse du coĂ»t de la vie sur le dernier trimestre 2021, la loi de finances rectificative pour 2021 a crĂ©er une aide exceptionnelle de 100 âŹ, versĂ©e Ă toute personne ĂągĂ©e d’au moins 16 ans rĂ©sidant rĂ©guliĂšrement en France.
Cette aide exceptionnelle, aussi appelĂ©e « indemnitĂ© inflation » attendait la parution dâun dĂ©cret pour pouvoir ĂȘtre mise en Ćuvre.
Câest chose faite depuis le 12 dĂ©cembre, suite Ă la publication du DĂ©cret nÂș 2021-1623 !
DĂ©sormais applicable, le cabinet Norma Avocats revient sur les conditions et les modalitĂ©s de versement de lâindemnitĂ© inflation par les employeurs.
- Quelles sont les conditions dâĂ©ligibilitĂ© pour les salariĂ©s ?
- Ătre ĂągĂ© dâau moins 16 ans et rĂ©sider en France au 31 octobre 2021
Tous les salariĂ©s ĂągĂ©s dâau moins 16 ans et rĂ©sidant en France au 31 octobre 2021 sont Ă©ligibles au bĂ©nĂ©fice de lâindemnitĂ© inflation.
Le Bulletin Officiel de la SĂ©curitĂ© Sociales (BOSS) indique que sont Ă©ligibles les salariĂ©s pour lesquels les employeurs appliquent le prĂ©lĂšvement Ă la source de lâimpĂŽt sur le revenu ou qui sont redevables de la CSG sur leurs revenus dâactivitĂ©.
- Avoir Ă©tĂ© en poste au mois dâoctobre 2021
Selon le dĂ©cret, lâindemnitĂ© inflation est versĂ©e aux salariĂ©s « employĂ©s au cours du mois d’octobre 2021 » et ce, quelle que soit la durĂ©e dâemploi en octobre et mĂȘme si, au jour du versement, ils ont quittĂ© lâentreprise.
Par ailleurs, sont également éligibles, les travailleurs suivants :
- Les salariĂ©s dont le contrat de travail Ă©tait suspendu au mois dâoctobre 2021, et ce quel que soit le motif dâabsence (Ă lâexception des salariĂ©s en congĂ© parental ou en congĂ© parental dâĂ©ducation Ă temps complet pendant la totalitĂ© de ce mois),
- Les mandataires sociaux titulaires dâun contrat de travail ou non (Ă condition dans ce cas dâavoir une rĂ©munĂ©ration dâactivitĂ©),
- Les stagiaires (à condition de percevoir une rémunération supérieure à la gratification minimale légale de 600,60 euros en 2021).
- Avoir un revenu inférieur à 26.000 ⏠bruts
Seuls les salariĂ©s dont la rĂ©munĂ©ration ne dĂ©passe pas le plafond des 26.000 ⏠bruts, entre le 1er janvier et le 31 octobre 2021, peuvent bĂ©nĂ©ficier de lâindemnitĂ© inflation et ce, quelle que soit leur quotitĂ© de travail (Ă temps partiel ou Ă temps plein).
Sâagissant des salariĂ©s qui nâont pas Ă©tĂ© employĂ©s pendant la totalitĂ© de la pĂ©riode de janvier Ă octobre 2021, il convient de proratiser la rĂ©munĂ©ration prise en compte pour l’apprĂ©ciation du plafond sans pouvoir ĂȘtre infĂ©rieur Ă 2.600 ⏠bruts.
Par exemple : Pour un salariĂ© sous contrat de 6 mois entre le 1er mai et le 31 octobre 2021, le seuil de rĂ©munĂ©ration est de 184/304âĂâ26â000â=â15.736,84ââŹ. Le salariĂ© bĂ©nĂ©ficiera de lâindemnitĂ© si sa rĂ©munĂ©ration est infĂ©rieure Ă ce montant.
Par ailleurs, selon le dĂ©cret, la rĂ©munĂ©ration Ă prendre en compte est celle dĂ©finie Ă lâarticle L.242-1 du CSS, soit la rĂ©munĂ©ration brute soumise Ă cotisations sociale et les heures supplĂ©mentaires sont prises en compte.
Si le salariĂ© remplit les conditions prĂ©cĂ©demment listĂ©es, lâemployeur est dans lâobligation de lui verser lâindemnitĂ© inflation forfaitaire de 100 ⏠(pas de proratisation en fonction du temps de prĂ©sence ou de la durĂ©e de travail du salariĂ©).
- Quelles sont les modalitĂ©s de versement de lâindemnitĂ© inflation par lâemployeur ?
- Versement automatique par lâemployeur ou sur demande du salariĂ©
Lâemployeur doit verser lâindemnitĂ© inflation de maniĂšre spontanĂ©e aux salariĂ©s en CDI et en CDD dâau moins 1 mois.
Par ailleurs, lorsque le salariĂ© est Ă©ligible Ă lâindemnitĂ© inflation auprĂšs de plusieurs employeurs, lâindemnitĂ© doit lui ĂȘtre versĂ©e par lâentreprise oĂč il est en poste Ă la date du versement ou, par celle chez qui il justifie de la plus grande anciennetĂ©.
Si le salariĂ© nâest plus en poste chez aucun des employeurs, câest lâentreprise oĂč la durĂ©e de travail Ă©tait la plus importante au mois dâoctobre 2021 qui doit la lui verser.
Enfin, pour les salariĂ©s intĂ©rimaires, le BOSS indique que lâindemnitĂ© est versĂ©e par les entreprises de travail temporaire.
- Date de versement de lâindemnitĂ© inflation
Au terme du dĂ©cret, lâindemnitĂ© doit ĂȘtre versĂ©e dĂšs le mois de dĂ©cembre 2021 et au plus tard le 28 fĂ©vrier 2022 (en cas de problĂšme technique).
Elle nâest assujettie ni Ă cotisations et contributions sociales ni Ă lâimpĂŽt sur le revenu.
- Comment lâemployeur se fait-il rembourser ?
Selon le BOSS, pour pouvoir se faire rembourser, lâemployeur doit dĂ©clarer lâindemnitĂ© inflation dans la DSN du mois suivant son versement au salariĂ© et il se verra rembourser du montant de lâindemnitĂ© lors du paiement des cotisations sociales sur les rĂ©munĂ©rations du mĂȘme mois.
Il procĂ©dera Ă une dĂ©duction des sommes versĂ©es aux salariĂ©s des cotisations dues dĂšs lâĂ©chĂ©ance de paiement suivante.
LâURSSAF apporte des prĂ©cisions sur le plafond dâexonĂ©ration du forfait mobilitĂ©s durables en cas de cumul avec la prise en charge des frais de transports publics par lâemployeur
Pour rappel, le forfait mobilitĂ©s durables a Ă©tĂ© introduit le 1er janvier 2020 par la loi d’orientation des mobilitĂ©s et est entrĂ© en vigueur de maniĂšre anticipĂ©e dans le contexte du dĂ©confinement dĂšs le 11 mai 2020, grĂące au dĂ©cret n° 2020-541 du 9 mai 2020.
Au titre du forfait mobilitĂ©s durables, lâemployeur peut prendre en charge, dans les conditions prĂ©vues pour les frais de carburant, les frais de transport entre le domicile et le lieu de travail effectuĂ©s par les salariĂ©s privilĂ©giant les modes de transport dits à « mobilitĂ© douce ».
Sont considérés comme tels :
- La location ou la mise Ă disposition en libre-service de cyclomoteurs, motocyclettes, vĂ©los, vĂ©los (assistĂ©s) Ă assistance Ă©lectrique ou d’engins de dĂ©placement personnel (motorisĂ©s ou non comme les trottinettes), avec ou sans station d’attache et accessibles sur la voie publique, Ă condition qu’ils soient Ă©quipĂ©s d’un moteur non thermique ou d’une assistance non thermique lorsqu’ils sont motorisĂ©s ;
- Mais Ă©galement les services d’autopartage, Ă condition que les vĂ©hicules mis Ă disposition soient des vĂ©hicules Ă faibles Ă©missions (C. trav., art. R. 3261-13-1 ; D. no2020-541, 9 mai 2020, art. 1er, JO 10 mai).
Le montant, les modalitĂ©s et les critĂšres d’attribution de la prise en charge des frais engagĂ©s au titre du forfait mobilitĂ©s durables sont dĂ©terminĂ©s par accord d’entreprise ou par accord interentreprises, et Ă dĂ©faut par accord de branche. Ă dĂ©faut d’accord, la prise en charge de ces frais est mise en Ćuvre par DUE de l’employeur, aprĂšs consultation du CSE, s’il existe (C. trav., art. L. 3261-4 ; L. no 2019-1428, 24 dĂ©c. 2019, art. 82, JO 26 dĂ©c.).
Le forfait mobilitĂ©s durables peut ĂȘtre cumulĂ© avec la prise en charge obligatoire par lâemployeur du coĂ»t des titres dâabonnement de transports publics de personnes ou de services publics de location de vĂ©los (L. 3261=3 du Code du travail). Lorsquâun tel cumul existe, la loi Climat du 22 aoĂ»t 2021, a permis dâaugmenter le plafond dâexonĂ©rations de cotisations et contributions sociales du forfait mobilitĂ©s durables, jusquâĂ 600 âŹ. Cette mesure est entrĂ©e en vigueur depuis le 25 aoĂ»t 2021.
Lâexemple ci-dessous permet dâillustrer le principe de cette exonĂ©ration :
Un salariĂ© dĂ©pense 700 euros par an au titre de son abonnement aux services de transport en commun pour rĂ©aliser ses trajets domicile-lieu de travail. L’employeur a l’obligation de prendre en charge 50 % de cet abonnement annuel, soit 350 euros.
Celui-ci souhaite également verser à son salarié, qui utilise le vélo pour se rendre à la gare, un forfait mobilités durables de 280 euros par an.
Dans la mesure oĂč il prend dĂ©jĂ en charge 350 euros au titre de lâabonnement, la part du forfait mobilitĂ©s durables qui peut ĂȘtre exonĂ©rĂ©e est toutefois limitĂ©e Ă 250 euros (600 – 350). Sâil y a un surplus et quâil est pris en charge par lâemployeur, alors il sera soumis Ă cotisations sociales.
Lâimportance des concessions rĂ©ciproques en cas de transaction
Un arrĂȘt rĂ©cent de la Cour de cassation du 4 novembre 2021 (20-16.059) vient rappeler lâimportance des concessions rĂ©ciproques dans le cadre de la conclusion dâune transaction.
Pour rappel, selon l’article 2044, al. 1 du Code civil, la transaction est un contrat par lequel les parties, par des concessions rĂ©ciproques, mettent fin Ă une contestation nĂ©e ou prĂ©viennent une contestation Ă naĂźtre.
Outre lâimpossibilitĂ© de conclure une transaction antĂ©rieurement Ă la rupture du contrat de travail, et cela, quel que soit le mode de rupture, la transaction nâest licite que si elle comporte des concessions rĂ©ciproques de la part des parties Ă lâaccord.
- Les concessions rĂ©ciproques doivent ĂȘtre rĂ©elles et sâapprĂ©cient en fonction des prĂ©tentions des parties Ă la date de signature de lâacte (Cass. Soc., 13 mai 2015, n° 13-26.368). En cas de litige, les juges apprĂ©cieront les concessions rĂ©ciproques Ă la lumiĂšre des faits Ă©voquĂ©s dans la lettre de licenciement.
- Les concessions rĂ©ciproques doivent ĂȘtre dâune certaine ampleur. S’il importe peu qu’elles soient d’importance inĂ©gale ou disproportionnĂ©e lâune par rapport Ă lâautre, elles ne doivent pas ĂȘtre dĂ©risoires (Cass. Soc., 28 novembre 2000, n° 98-43. 635 ; CA Versailles 28 juin 2001, n° 98/20181).
Câest ce dernier point qui est repris par lâarrĂȘt prĂ©citĂ©.
Au cas dâespĂšce, un salariĂ© avait Ă©tĂ© engagĂ© durant 3 annĂ©es chez un mĂȘme employeur dans le cadre de 9 contrats Ă durĂ©es dĂ©terminĂ©es successifs.
Pour Ă©viter un contentieux sur la requalification du contrat, les parties ont signĂ© une transaction dont le salariĂ© a contestĂ© la validitĂ© sur le fondement de lâinsuffisance de la concession ; en lâoccurrence une indemnitĂ© transactionnel dâun montant de 500 âŹ.
La Cour de cassation a confirmĂ© lâarrĂȘt dâappel prononçant lâannulation de la transaction au motif que cette contrepartie financiĂšre versĂ©e au salariĂ© par lâemployeur en Ă©change de la renonciation Ă toute action judiciaire  était dĂ©risoire.
Ainsi, bien quâaucune proportion ne soit exigĂ©e entre le prĂ©judice et lâindemnisation transactionnelle, il convient de rappeler que la concession de lâemployeur, contrepartie Ă lâabandon de poursuite judiciaire, doit ĂȘtre raisonnable.
Actualités Covid
Nous vous rappelons en 12 points les derniÚres actualités liées à la Covid-19 des derniÚres semaines :
- Le passe sanitaire ne peut ĂȘtre exigĂ© pour exercer le mandat de reprĂ©sentant du personnel puisque la plupart des activitĂ©s des reprĂ©sentants du personnel ont vocation Ă se dĂ©rouler dans des espaces non accessibles au public (questions-rĂ©ponses de lâinspection du travail Min.).
- Depuis le 15 octobre 2021, lâassurance maladie ne rembourse plus les tests PCR et antigĂ©niques de dĂ©pistage de la Covid 19 pour les majeurs non vaccinĂ©s qui ne bĂ©nĂ©ficient pas dâune prescription mĂ©dicale.
- Les employeurs ne sont pas tenus de prendre en charge le coût des tests de dépistage, qui ne sont pas des frais professionnels (questions-réponses du Min. du Travail).
- Lâinspection du travail peut intervenir lorsque le passe sanitaire est illĂ©galement exigĂ© puisque cela peut avoir une incidence sur les relations contractuelles avec les salariĂ©s (questions-rĂ©ponses du Min. du Travail).
- Lâemployeur ne peut que demander la prĂ©sentation du passe sanitaire sous format papier ou numĂ©rique. Il ne peut pas demander des informations sur le statut vaccinal ou le schĂ©ma vaccinal rĂ©alisĂ©, sâenquĂ©rir de lâintention de se faire vacciner ou non (questions-rĂ©ponses de la CNIL).
- Les salariĂ©s concernĂ©s par le passe sanitaire doivent prĂ©senter systĂ©matiquement ce passe pour se rendre sur leur lieu de travail, durant les heures dâouvertures au public. Cependant, ils peuvent dĂ©cider de leur propre initiative de prĂ©senter un justificatif de leur statut vaccinal pour faciliter les dĂ©marches. Ce justificatif simplifiĂ© ne doit pas ĂȘtre conservĂ© par lâemployeur qui doit plutĂŽt tenir un registre de vĂ©rification (questions-rĂ©ponses de la CNIL).
- Le passe sanitaire ne peut ĂȘtre demandĂ© au moment du recrutement. Il nâest exigĂ© quâĂ partir de lâentrĂ©e en fonction (questions-rĂ©ponses de la CNIL).
- Il nâest pas possible de conditionner lâaccĂšs au restaurant dâentreprise Ă la dĂ©tention dâun passe sanitaire puisque ce lieu nâest pas concernĂ© par lâobligation (questions-rĂ©ponses de la CNIL).
- Pour conserver la validité de leur passe sanitaire, les salariés dont la seconde dose de vaccin a été réalisée il y a plus de 7 mois doivent se voir inoculer une troisiÚme dose avant le 15 janvier 2022.
- La durée de validité des tests ou examens de dépistage à la Covid-10 a été raccourcie de 72h à 24h.
- Le protocole sanitaire en entreprise a été actualisé le 29 novembre 2021. Il prévoit dorénavant de :
- Systématiser le port du masque dans les lieux clos et partagés ;
- Respecter une distanciation physique dâau moins 1m ;
- Respecter une distanciation physique lorsque le masque ne peut pas ĂȘtre portĂ©, par exemple dans les lieux de restauration collective.
- La Ministre du travail a dĂ©conseillĂ© la tenue dâĂ©vĂšnements collectifs jusquâĂ nouvel ordre et a indiquĂ© que les contrĂŽles de lâinspection du travail sur le respect du protocole sanitaire allaient se durcir.
Négocier une rupture conventionnelle : attention au contexte dans lequel la convention est signée !
Pour mĂ©moire, l’existence d’un diffĂ©rend entre l’employeur et le salariĂ© au moment de la signature de la rupture conventionnelle n’affecte pas, en elle-mĂȘme, la validitĂ© de la convention.
Dans ce cas de figure, c’est au salariĂ© de prouver que ce contexte conflictuel l’a empĂȘchĂ© de donner librement son consentement lors de sa signature de la convention.
Ainsi, si le consentement peut ĂȘtre viciĂ© dans un contexte de harcĂšlement moral (Cass. soc., 28 janvier. 2016, n°14-10.308), la Cour de cassation prĂ©cise que ce contexte de harcĂšlement moral ne rend pas le vice du consentement automatique (Cass. soc., 23 janvier 2019, n°17-21.550).
Dans une décision du 4 novembre 2021, la Cour de cassation fait une nouvelle application de sa jurisprudence en annulant une convention de rupture signée dans un contexte de harcÚlement sexuel (Cass. soc. 4 novembre 2021, n°20-16.550).
Dans cette affaire, les juges relĂšvent quâĂ la date de la signature de la convention de rupture, lâemployeur Ă©tait informĂ© par la salariĂ©e de faits prĂ©cis et rĂ©itĂ©rĂ©s de harcĂšlement et quâil nâavait mis en Ćuvre aucune mesure de nature Ă prĂ©venir de nouveaux actes et Ă protĂ©ger la salariĂ©e.
Dans un texte contexte, la salariĂ©e, en situation de violence morale, « nâavait eu dâautre choix que dâaccepter la rupture et nâavait pu donner un consentement libre et Ă©clairé ».
Soyez donc vigilant au contexte dans lequel vous signez une rupture conventionnelle : si des faits de harcĂšlement moral ou sexuel semblent avĂ©rĂ©s, il est prĂ©fĂ©rable dâĂ©viter ce mode de rupture.
Le DRH dâune filiale peut-il licencier un salariĂ© appartenant Ă une autre filiale du groupe ?
Par une dĂ©cision du 20 octobre 2021, la chambre sociale de la Cour de cassation sâest interrogĂ©e, dans le contexte particulier des groupes de sociĂ©tĂ©s, sur les conditions dans lesquelles lâemployeur pouvait dĂ©lĂ©guer son pouvoir de licencier (Cass. soc, 20 octobre 2021, n°20-11.485)
En lâespĂšce, une entreprise, appartenant Ă un groupe de sociĂ©tĂ©s, avait mandatĂ© la DRH dâune autre filiale « sĆur », pour procĂ©der au licenciement dâun de ses salariĂ©s. Estimant que le licenciement ne pouvait ĂȘtre prononcĂ© par le DRH dâune sociĂ©tĂ© « sĆur » Ă la sienne, le salariĂ© a contestĂ© son licenciement.
La Cour de cassation fait droit Ă la demande du salariĂ© et rappelle que lâemployeur ne peut donner mandat Ă une personne Ă©trangĂšre Ă lâentreprise pour procĂ©der Ă lâentretien et notifier le licenciement.
NĂ©anmoins, elle indique quâen lâespĂšce, il nâĂ©tait « pas dĂ©montrĂ© que la gestion des ressources humaines de la sociĂ©tĂ© » qui employait le salariĂ© licenciĂ© « relevait des fonctions de la DRH » de lâautre filiale, « ni que cette derniĂšre exerçait un pouvoir sur la direction » de la sociĂ©tĂ© sĆur.
On comprend donc que la décision aurait été différente si ces conditions avaient été réunies ou si, le licenciement avait été notifié par la DRH de la société mÚre du groupe.
En effet, la Cour de cassation admet que le DRH de la sociĂ©tĂ© mĂšre puisse recevoir mandat pour procĂ©der Ă l’entretien prĂ©alable et au licenciement d’un salariĂ© employĂ© par ces filiales (Cass. soc. 23-9-2009, n°07-44.200), tout comme le directeur des affaires sociales, engagĂ© par la sociĂ©tĂ© mĂšre, pour exercer ses fonctions au sein des filiales (Cass. soc, 16 mai 2007, n°06-10.307).