Ce que contient le nouvel ANI sur la prévention de la santé au travail
Le 9 dĂ©cembre 2020, lâaccord national interprofessionnel dit ANI « pour une prĂ©vention renforcĂ©e et une offre renouvelĂ©e en matiĂšre de santĂ© au travail et conditions de travail » a Ă©tĂ© signĂ© par les partenaires sociaux.
Mettant lâaccent sur la prĂ©vention des risques professionnels, lâaccord propose plusieurs dispositions dont les principales sont exposĂ©es ci-dessous et dont certaines qui ne nĂ©cessitent pas particuliĂšrement de modification du Code du travail, peuvent dâores et dĂ©jĂ ĂȘtre mises en Ćuvre par les entreprises dans lâattente de leur adoption par une loi.
- RĂ©affirmation du rĂŽle central du Document Unique dâEvaluation des Risques Professionnels (DUERP)
Les partenaires sociaux font du DUERP la base du plan dâaction de prĂ©vention des risques dans lâentreprise et insistent sur la traçabilitĂ© de ce document en encourage lâemployeur Ă mettre en place une version numĂ©rique et Ă conserver successivement ces diffĂ©rents documents.
- CrĂ©ation dâun « passeport prĂ©vention» pour les salariĂ©s et les apprentis
Afin dâĂ©viter des formations surabondantes voire redondantes, le projet dâaccord propose la crĂ©ation dâun « passeport prĂ©vention » permettant, dâattester non seulement de la rĂ©alisation et du suivi des formations mais Ă©galement de lâacquisition des compĂ©tences en matiĂšre de prĂ©vention des risques professionnels par les salariĂ©s.
Ce passeport regrouperait les attestations, certificats et diplĂŽmes obtenus par lâintĂ©ressĂ© et serait alimentĂ© par les organismes de formation et par lâemployeur pour celles dĂ©livrĂ©es au sein de lâentreprise.
Les partenaires sociaux envisagent la portabilitĂ© de ce passeport dâune entreprise Ă une autre ou dâun secteur dâactivitĂ©s Ă un autre.
- Renforcement de la prévention de la désinsertion professionnelle
La dĂ©sinsertion professionnelle est un phĂ©nomĂšne qui peut apparaitre aprĂšs la survenance dâun Ă©vĂšnement dans la vie du salariĂ© (arrĂȘt maladie, rĂ©organisationâŠ) et qui va impacter sa capacitĂ© Ă tenir son emploi dans la durĂ©e. Pour lutter contre ce risque, lâANI propose de mettre lâaccent sur la prĂ©vention et lâanticipation en systĂ©matisant les visites de reprise, de prĂ©reprise et celles Ă la demande de lâemployeur, du salariĂ© ou du mĂ©decin et en organisant une visite de « mi-carriĂšre ».
Par ailleurs, lorsquâune situation de dĂ©sinsertion professionnelle est repĂ©rĂ©e, un plan de retour au travail devrait ĂȘtre formalisĂ© entre lâemployeur, le salariĂ© et la cellule de prĂ©vention de la dĂ©sinsertion professionnelle mise en place au sein du service de prĂ©vention et de santĂ© au travail interentreprises.
Enfin, sur ce point, lâANI invite les acteurs de la prĂ©vention, dont lâemployeur, Ă avoir une approche collective de ce risque.
- Réaffirmation du rÎle des représentants du personnel
LâANI met en avant le rĂŽle central des reprĂ©sentants du personnel en matiĂšre de santĂ©, sĂ©curitĂ© et des conditions de travail en les invitant Ă participer activement Ă la politique de prĂ©vention des risques professionnels.
A cette fin, les partenaires sociaux proposent de modifier les rĂšgles relatives Ă la durĂ©e de la formation santĂ© et sĂ©curitĂ© des Ă©lus. Actuellement, lâarticle L. 2315-18 du Code du travail prĂ©voit que tous les membres du CSE bĂ©nĂ©ficient dâune formation en santĂ©, sĂ©curitĂ© et conditions de travail, sans prĂ©ciser la durĂ©e minimale de cette formation. Seul lâarticle L. 2315-40 du Code du travail prĂ©voit que, pour les membres de la CSSCT, cette formation est Ă minima de 5 jours dans les entreprises dâau moins 300 salariĂ©s et de 3 jours dans les entreprises de moins de 300 salariĂ©s.
LâANI souhaite que tous les membres de la CSSCT et les Ă©lus du CSE, sans distinction de lâeffectif de lâentreprise, puissent bĂ©nĂ©ficier au minimum dâune formation de 5 jours pour leur premier mandat et, de 3 jours en cas de renouvellement de celui-ci, sauf dispositions spĂ©cifiques dĂ©jĂ existantes dans le code du travail.
- Modernisation des Services de Santé au Travail Interentreprises (SSTI)
LâANI suggĂšre que les SSTI deviennent des Services de PrĂ©vention, de SantĂ© au Travail Interentreprises (SPSTI) proposant, Ă minima, les missions de prĂ©vention, de suivi individuel des salariĂ©s et de prĂ©vention de la dĂ©sinsertion professionnelle.
- Collaboration entre la médecine du travail et la médecine de ville
Bien conscients, de la pĂ©nurie de mĂ©decins du travail, les partenaires sociaux proposent une collaboration nouvelle entre mĂ©decins du travail et mĂ©decins de vie afin dâassurer le suivi mĂ©dico-professionnel des salariĂ©s.