Astreintes : attention aux contraintes qui pÚsent sur le salarié durant cette période
Lâastreinte est une pĂ©riode pendant laquelle le salariĂ©, sans ĂȘtre sur son lieu de travail et sans ĂȘtre Ă la disposition permanente et immĂ©diate de l’employeur, doit ĂȘtre en mesure d’intervenir pour accomplir un travail au service de l’entreprise.
Seule la durée de cette intervention est considérée comme un temps de travail effectif (C. trav. art. L. 3121-9).
Sur le traitement des pĂ©riodes dâastreinte, la CJUE considĂšre que si les contraintes imposĂ©es au travailleur durant sa pĂ©riode dâastreinte affectent de maniĂšre objective et significative sa facultĂ© de gĂ©rer, comme il lâentend, son temps libre, il faut alors traiter lâintĂ©gralitĂ© de la pĂ©riode dâastreinte comme du temps de travail effectif (CJUE, 9 mars 2021, C-344/19).
Dans un arrĂȘt du 26 octobre 2022 (Cass. soc. 26 octobre 2022, n° 21-14.178), la Cour de cassation reprend le raisonnement de la CJUE dans une espĂšce oĂč un salariĂ©, occupant les missions de dĂ©panneur sur une portion dâautoroute, invoquait le court dĂ©lai qui lui Ă©tait imparti pour se rendre sur le lieu dâintervention.
Selon lui, les modalitĂ©s de lâastreinte ne lui permettaient pas de vaquer librement Ă ses occupations personnelles et il Ă©tait, en rĂ©alitĂ©, Ă la disposition permanente de son employeur durant cette pĂ©riode.
Pour la Cour de cassation, les juges du fond, qui ont dĂ©boutĂ©, Ă tort, le salariĂ© de sa demande de rappel de salaire, auraient dĂ» vĂ©rifier si le salariĂ© avait Ă©tĂ© soumis, au cours de ses pĂ©riodes dâastreinte Ă des contraintes dâune intensitĂ© telle quâelles avaient affectĂ©, objectivement et trĂšs significativement, sa facultĂ© de gĂ©rer librement le temps pendant lequel ses services professionnels nâĂ©taient pas sollicitĂ©s et de vaquer Ă des occupations personnelles.
Il convient donc dâĂȘtre attentif Ă ce que les modalitĂ©s de lâastreinte, notamment les dĂ©lais impartis aux salariĂ©s pour intervenir, nâaboutissent pas Ă leur imposer des contraintes trop importantes qui, en pratique, aboutissent Ă les mettre Ă la disposition permanente et immĂ©diate de l’employeur.
Si tel est le cas, lâintĂ©gralitĂ© de la pĂ©riode dâastreinte risque dâĂȘtre considĂ©rĂ©e comme du temps de travail, et rĂ©munĂ©rĂ©e comme tel.